Démarche artistique

Le quotidien; l’expérience directe

L’accélération du rythme de la vie, pouvant se faire ressentir par la productivité et la rapidité mises de l’avant, souligne son caractère éphémère. Le surplus des possibles et le flot d’informations permanent tendent à disperser notre attention et nous dissocier du moment présent. C’est pourquoi l’expérience du quotidien guide mon travail de création, partant de l’idée que ce sont nos perceptions personnelles et les façons uniques de les interpréter qui définissent notre expérience de la réalité. 

Le temps

Par la peinture, je m’engage dans une prise de position et une interrogation philosophique du temps. Fascinée et inspirée par les manières de faire et le mysticisme des grands maîtres de la Renaissance, j’adopte une technique longue d’accumulation de couches de glacis. Ce dévouement, par une discipline enthousiaste, met à l’honneur des valeurs ancestrales et m’amène à renouer avec une forme de lenteur.

Les perceptions

Malgré cette approche plastique très réaliste au départ, elle se traduit par l’observation tellement fine du sujet qui, dans son appropriation, impose le rapprochement et de là surgissent les formes abstraites. Le détail excessif jusqu’à l’infiniment petit rend compte de la grandiosité qui l’englobe, prenant forme dans une répétition de gestes presqu’imperceptibles. Les temporalités se chevauchent dans la prolifération d’images. À travers la superposition, le dédoublement, la symétrie et la fragmentation, ces dernières se contaminent entre elles pour créer des ambigüités spatiales ou des jeux optiques. En accentuant les erreurs d’interprétation se confondent réalité et fiction, laissant place à de nouvelles dimensions au-delà des filtres habituels et facilitant l’induction d’un état hypnotique.

La performance dans la peinture

Le temps requis pour reproduire avec une exactitude quasi obsessionnelle des photos « ratées » altérant la représentation du réel, rend le geste paradoxal. J’explore ainsi une forme de performativité dans la peinture, où j’accède à un espace méditatif dans lequel s’alternent un détachement à l’espace-temps et un attachement à l’atteinte d’un niveau de perfectionnement et de justesse sans limites.  

L’état de conscience et le processus

Il en résulte des univers introspectifs et énigmatiques qui requièrent une réception longue de la part du regardeur, l’invitant à adopter une approche contemplative vis-à-vis le chaos. Ressentir le temps, modifie l’état de conscience et interpelle notre volonté d’éternité. Dans cette quête de retrouver l’essentiel, le processus vécu comme une forme de rituel, devient aussi important que l’achèvement.